Faile Américains, 1975 & 1976

« Notre méthodologie a toujours consister à déconstruire les images et à les reconstruire pièce par pièce sur de nouvelles bases. »

Les deux artistes américains derrière le nom "FAILE", Patrick McNeil et Patrick Miller, s'inspirent de l’univers visuel de leurs jeunes années. Un univers dominé par les comics des années 80, le cinéma hollywoodien, les films de cow-boys ou encore les contes pour enfants. Dominé aussi par l'imagerie publicitaire et par des évènements qui jalonnent l'histoire récente des États-Unis.

 

Dans cette vaste iconographie, les deux artistes découpent des fragments, les transforment, les combinent de mille manières. Comme dans un jeu de construction modulable, images, écritures et motifs s'agencent, se diffractent, se recomposent en jouant franchement de télescopages temporels et contextuels. Une approche qui rappelle l'art du collage, dont les deux artistes se réclament.

 

Souvent des éléments de leurs travaux passés refont surface. Ce sont par exemple des motifs, des phrases ou des personnages qui réapparaissent par intermittence, parfois en tant que sujet principal, parfois relégués à l’arrière-plan. Considérée dans sa totalité, l’œuvre de FAILE présente l’aspect d’une grande fresque symphonique où les mêmes thèmes reviennent sans cesse avec d'infinies variations. "L'idée selon laquelle les éléments s'emboîtent pour former un grand tout que l'on ne perçoit pas forcément au départ est prégnante dans tout ce que nous faisons," disent les artistes.

 

Ce qui fascine dès lors, c'est la plasticité de ce monde coloré, à l’esthétique percutante, dans lequel les choses semblent en perpétuel mouvement, en perpétuelle réactualisation, dans un processus où les œuvres récentes enrichissent et ajoutent de la complexité aux œuvres passées. Au bout du compte, cet enchevêtrement de références croisées se donne à voir comme le reflet de la pop culture américaine — ou faut-il dire occidentale ? Mais un reflet altéré, méconnaissable, retourné comme un gant de telle manière que semblent mis en lumière les ressorts, les archétypes, les structures qui sont à l'œuvre dans nos représentations populaires.

 

Artistes versatiles, Patrick McNeil et Patrick Miller manient avec la même aisance la peinture sur toile et la sérigraphie, la gravure sur bois et la confection d'affiches, la sculpture et la réalisation d'œuvres murales monumentales. Une pratique touche-à-tout où ils se jouent habilement des frontières présumées entre beaux-arts et arts décoratifs, entre illustration et design graphique. La rue reste cependant pour le duo américain un terrain de jeu privilégié, et pour ainsi dire naturel. Car leur travail, en définitive, de la même manière que l’espace urbain, est le lieu d'un récit collectif en permanente réécriture. "Nos peintures murales," disent-ils, "deviennent porteuses des récits qui forgent l'identité de la ville, et, à leur tour, renvoient ces récits à la ville, comme un miroir."

 

FAILE (anagramme de "A Life", le pseudonyme de leurs débuts) est un duo composé de Patrick McNeil (né en 1975) et Patrick Miller (né en 1976). Artistes emblématiques, leurs travaux sont régulièrement mis à l'honneur par des institutions prestigieuses comme la Tate Modern de Londres, le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, ou encore le Lincoln Center for the Performing Arts de New York. Les deux artistes vivent à New York.